Allocution lue au Carré Militaire du cimetière de St Rémy les Chevreuse
le 11 novembre 2021
par le Général (2S) Roland DUBOIS
Aujourd’hui 103ème anniversaire de l’armistice de 1918. Une célébration de plus qui porte notre regard vers le passé, regard chargé d’admiration pour nos anciens qui ont stoïquement supporté les situations les plus abominables que le destin peut réserver aux pauvres humains. Est-il besoin de rappeler une fois de plus les immenses sacrifices consentis, uniques dans notre histoire ? Auprès des générations vivantes les plus anciennes ce n’est pas nécessaire. Elles savent. Mais les plus jeunes savent elles ? Rien n’est moins sûr. Regarder dans le rétroviseur n’est utile que lorsque cela éclaire l’avenir.
A une époque où l’éducation nationale s’appelait encore l’instruction publique, la France instruisait et éduquait ses adultes de demain ; et c’est sur des esprits forgés par nos « instits » qu’elle put compter pour sa survie. De nos jours, malgré son nom ambitieux, l’éducation nationale n’éduque plus et instruit mal.
Voici ce qu’on pouvait lire en 1883 dans un manuel « d'éducation morale et d'instruction civique » de la 3ème république : "lorsque le monument France paraissait chanceler, un cri d'angoisse sortait de toutes les poitrines. Il n'y avait plus ni gens du Nord, ni gens du Midi, ni paysans, ni bourgeois, ni gentilshommes. Il n'y avait que des Français jaloux de conserver non seulement le territoire national, mais le trésor également précieux de la civilisation française". On y lisait encore "n'oubliez, mes enfants, aucun des grands noms de cette généreuse histoire. Ne distinguez pas entre eux, ne créez pas de catégories. Qu'ils vous soient tous également chers et sacrés! Et Dugesclin, le gentilhomme, et Jeanne d'Arc, la fille du paysan, et Richelieu, le prince de l'église, et Condé le prince du sang, et Colbert le bourgeois, et Vauban l'ingénieur, et Kleber, le fils de l'ouvrier terrassier […]. Défendre la patrie menacée, c'est plus qu'un droit, c'est le devoir le plus sacré du citoyen".
Fin de citation.
C'était le discours tenu par les instituteurs, les "Hussards Noirs" de la République, qui savaient que l’histoire de France avait commencé avant 1789, et qui ont forgé des âmes prêtes à accepter les sacrifices les plus douloureux sans lesquels aucune société ne peut durablement survivre. Cela a duré tant bien que mal jusque vers les années soixante.
Depuis, nos dirigeants de tous bords, honteux de notre passé, confits en repentance, depuis un demi-siècle, ont sciemment mené une politique d’abaissement de notre culture. Notre patrie, chargée de tous les péchés, devrait s’effacer pour se fondre dans le magma mondialiste seul porteur à leurs yeux des valeurs humanistes qu’ils chérissent. Ils ont oublié les nôtres, exalté les autres. La fière devise « liberté, égalité, fraternité » s’adressait aux Français ; et seulement aux Français. Maintenant elle est galvaudée et prétend englober tant de monde qu’on peut se demander quel est l’intérêt qu’il y a encore à être Français en France.
Je ne veux pas clore cette allocution sans rendre un hommage appuyé à nos forces de l’ordre qui sont, depuis des années et de plus en plus, nos combattants de première ligne. Comment ne pas souffrir avec eux devant ces images journalières qui les montrent agressés gravement ? Comment ne pas être révolté devant le laxisme de nos lois, de notre justice, devant les insultes qui leur sont adressées par certain parti politique ? Non, il n’y a pas de scission entre les policiers et la masse des Français ; au contraire. Il n’y a problème qu’avec ceux qui s’excluent eux-mêmes de la collectivité nationale, et avec leurs complices.
Une pensée également pour nos soldats éparpillés sur la planète, surtout pour ceux qui combattent depuis près de huit ans au Sahel dans une guerre où l’intérêt national se distingue de plus en plus mal, rendant plus douloureuse l’acceptation de pertes. On peut s’interroger sur le sens de la présence de jeunes Français risquant leur vie au Mali alors que tant de jeunes Maliens sont en sécurité en France.
Ceux qui sont tombés il y a plus de cent ans défendaient le drapeau, leurs compatriotes, le territoire et notre civilisation. Ils seront morts pour rien si demain, par inconscience, aveuglement ou lâcheté, nous nous laissons pervertir et subjugués par une autre civilisation. Je suis fatigué que l’on tolère la transformation insidieuse de MA civilisation sous les coups d’une autre qui ne la vaut pas ; ce qui aboutira à notre désarmement civique et moral puis peut-être à notre disparition en tant que peuple.
Je suis, vous êtes Français depuis 1500 ans. Je ne veux pas que mes enfants et petits-enfants soit contraints d’écrire le mot « fin » sur le livre d’histoire de France.
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