Par le Général (2S) Roland DUBOIS
En 1981 M. Mitterrand, qui, garde des sceaux avait laissé partir à l’échafaud nombre de terroristes FLN lors de la guerre d’Algérie, abolissait la peine de mort. M. Macron vient de célébrer cet anniversaire et nous donne la mission exaltante de convaincre le monde entier d’abolir la peine capitale. La tâche va être rude ; je doute que ce projet soit favorablement accueilli partout, en particulier en terre d’Islam, et dans les dictatures asiatiques et africaines. Nous sommes à six mois d’une élection qui sera dominée par les soucis d’insécurité liés en grande partie à l’immigration, et il nous lance dans une croisade angélique. Evidemment, il ne se passera rien. Il aura le même succès que M. Briand qui en 1929 voulait mettre la guerre hors la loi.
L’humour grinçant d’Alfred Capus interrogeait jadis : « Supprimer la peine de mort? D'accord! Que messieurs les assassins commencent! ». Quand la peine de mort est hors-la-loi, seuls les hors-la-loi infligent la peine de mort.
La majorité des Français reste favorable à l'application de la peine de mort aux auteurs de crimes particulièrement odieux et pour lesquels aucune circonstance atténuante ne peut raisonnablement être invoquée au regard du forfait perpétré. Il y a toujours eu une majorité pour estimer qu'elle demeurait un mal nécessaire pour punir, et aussi, ce qu’on occulte trop souvent, mettre hors d'état de nuire définitivement, les monstres que sont devenus certains hommes. Remarquons que sur ce sujet de société majeur, on s'est bien gardé de demander par référendum leur avis aux Français, sans doute parce que la réponse n'aurait pas été celle que nos dirigeants souhaitaient.
Ce qui a joué contre le principe même de son application c'est, psychologiquement, le coté barbare de l'exécution au moyen de la guillotine. Nous étions les seuls dans le monde civilisé à pratiquer encore la décapitation. On aurait pu trouver quelque chose de moins choquant.
Mais que des criminels en série, des assassins d'enfants, de vieillards, des monstres joignant la barbarie au meurtre, des terroristes ayant perpétré leurs forfaits aveugles dans des lieux où nécessairement ils allaient tuer et blesser n'importe qui, n'encourent pas la peine qu'ils n'hésitent pas à infliger à des innocents est une injustice. Et un encouragement. Un meurtrier a intérêt à tuer les témoins possibles de son acte. Dans le meilleur des cas il augmente ses chances d'échapper à la police et à la justice. Dans le cas contraire, deux, trois ou quatre victimes ne changeront guère son sort.
En outre, si on veut que demain notre société trouve encore des défenseurs en la personne des juges et des policiers, il faut aussi penser à les protéger. Et la meilleure protection c'est la possibilité que leur assassinat puisse mener tout droit au gibet. Peu d'humains en Occident ont de l'attirance pour le martyr.
Un argument fort contre la peine capitale est le risque de l'erreur judiciaire, hélas sans recours. Mais on pourrait modifier les textes pour que la sentence ne puisse pas être prononcée sur la seule "intime conviction des jurés", notion qui, dans un pays démocratique, est en elle-même et dans tous les cas une étrangeté, convenons-en. Quand une sentence irréversible est possible, il faut des preuves indiscutables de la culpabilité; et c'est de moins en moins utopique grâce aux progrès considérables, accomplis dans les années passées, et ceux à venir, par la police scientifique.
Les « humanistes » de ce pays vont sans doute être horrifiés de ce propos. Ils ont deux arguments principaux : retirer la vie à un homme, fut-il un assassin, est contraire à nos valeurs, c’est se rabaisser à son niveau, et le risque du châtiment suprême n’est pas dissuasif, n’a aucune vertu préventive. Déjà discutable dans une société en paix où les crimes sont rares et ne remettent pas en cause les fondements de la société, ce point de vue est hors du temps quand on a affaire à des groupes ou des individus qui s’attaquent à n’importe qui dans le but ultime de détruire une société qu’ils haïssent, par la confusion, le désordre et la peur qu’ils propagent, et qui entraineront in fine des affrontements au sein de la population si l’état n’est pas inflexible. On ne peut pas se battre contre ces ennemis-là avec une main liée dans le dos.
Voilà près de 8 ans que le président de ce pays a prononcé le mot guerre pour qualifier ce qui se passe chez nous ; sans toutefois oser nommer l’ennemi. Infliger la mort est inséparable de l’acte de guerre. On ne s’en prive pas d’ailleurs à l’occasion dans les opérations extérieures. Mais ce serait indigne chez nous contre des ennemis déclarés de notre patrie, Français de surcroit bien souvent, donc des traitres ? Ça n’a pas de sens.
Malheureusement je pense qu’il faudra encore bien d’autres attentats, de massacres, pour que nos chefs descendent enfin sur terre. Le courage et le bon sens ne sont toujours pas au pouvoir.
Général (2S) Roland DUBOIS
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